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lundi 23 mars 2015

CINECAMPUS #6- mardi 31 mars à 20h30, cinéma Utopia

Ciné Campus #6 – Noir sang

Faux-semblants (Dead Ringers)

David Cronenberg, 1988, 1h56




La séance sera accompagnée par Vincenzo Susca, maître de conférences en sociologie de l’imaginaire à l’Université Paul Valéry.

« Les cauchemars de la pensée engendrent des monstres ».  

Ce sont deux corps pour lesquels la vie n’a peint qu’une seule âme. C’est un seul être qui vibre dans deux manteaux de chair, Beverly et Eliott Mantle sont une fusion de tous les instants, une tragédie symphonique à deux variations. Jumeaux dans la vie comme dans la passion, chaque minute de leur existence trouve un écho. Si le même sang coule dans leurs veines, si les mêmes traits se déclinent sur leurs visages, si les pensées de l’un sont l’extension des mouvements de l’autre, ce n’est pas par volonté mais par essence.
Gynécologues, épris d’une esthétique des organes, d’une beauté de l’intérieur du corps, ils vibrent sous l’assaut d’une même ardeur, partagent les mêmes femmes, vivent dans un même souffle. Quand survient le jour où l’un s’arrache à l’autre, où la contradiction s’immisce dans leur harmonie, engendrant alors un troisième visage monstrueux : celui de leur séparation. Orchestrée des mains d’une femme, cette déchirure ne saurait cicatriser.
Bien que David Cronenberg ait depuis longtemps habitué nos yeux de spectateurs au mariage du sublime et de l’abject, au spectacle du Beau que des tripes offertes à la vue peuvent susciter, Faux-semblants pousse ce paradoxe esthétique à son paroxysme. Quoi de plus troublant en effet que de faire incarner cette dualité maladive à un seul acteur ? Quoi de mieux que d’utiliser la chair comme matière à penser ? Ainsi se dessine le chef-d’œuvre du cinéaste, à la frontière de sensations ineffables, au cœur d’une approche pulsionnelle de l’amour.
Amoureux de l’horreur, courrez re-voir Faux-semblants. Laissez-vous charmer par son doux poison, loin des codes usés du cinéma de genre, au cœur d’une nouvelle forme de terreur, intellectuelle et lyrique. Laissez David Cronenberg malmener vos perceptions habituelles et briser la frontière manichéenne entre les clivages qui jalonnent votre existence. Vivez une expérience cinématographique ultime, marquée par la transcendance d’une union malsaine entre deux corps mais également avec le vôtre, le corps que vous habitez en tant que spectateur. Fusionnez à votre tour...